Trente ans après les grandes conférences nationales, l’Afrique se regarde dans le miroir de la démocratie… et ce qu’elle y voit n’est pas toujours glorieux. Des constitutions taillées sur mesure, des élections jouées d’avance, des opposants réduits au silence : la « démocratie africaine » ressemble trop souvent à une mise en scène, un théâtre dont le peuple ne connaît pas la fin. Le vernis démocratiqueSur le papier, les États africains sont presque tous démocratiques. Dans les faits, beaucoup sont prisonniers d’un autoritarisme déguisé. On vote, oui. Mais pour qui ? Pour quoi ? Les urnes deviennent des décorations politiques, les institutions de simples accessoires au service du pouvoir. On change les constitutions comme on change de costume, et l’alternance devient un mot tabou.Le piège de la dépendanceComment parler de démocratie quand la faim, la pauvreté et la peur dictent encore la loi ? Quand l’argent du développement finit dans les poches des élites ? Et quand certaines puissances étrangères continuent, sous couvert de partenariat, à manipuler les ficelles ? La démocratie ne peut pousser sur un sol miné par la corruption et l’ingérence. La résistance du peupleMais attention : tout n’est pas perdu. Les peuples africains ne sont pas dupes. Dans les rues, sur les réseaux sociaux, dans les universités, une jeunesse se lève. Elle exige des comptes, réclame la transparence, refuse les régimes qui s’éternisent. C’est là que réside la vraie démocratie : dans le courage de ceux qui ne se taisent plus.Ni illusion, ni fatalitéAlors, la démocratie en Afrique est-elle un leurre ? Pas tout à fait. C’est un combat, un long accouchement. Elle trébuche, vacille, mais refuse de mourir. Le jour où les urnes compteront vraiment plus que les armes, où la parole populaire primera sur les calculs politiques, ce jour-là, la démocratie africaine cessera d’être un rêve — pour devenir une réalité.
Justine Bourgeoise
