Le rejet de la candidature de Maurice Kamto à l’élection présidentielle de 2025 par ELECAM, puis par le Conseil constitutionnel, a de nouveau suscité des débats animés au sein de l’opinion publique camerounaise. Si la raison officielle invoquée est une double candidature pour le compte du MANIDEM, les discussions ont rapidement dévié vers la question de la « prétendue » xénophobie anti-Bamiléké.
Des voix se sont élevées, arguant que le rejet de sa candidature serait la preuve qu’un Bamiléké ne pourrait jamais accéder à la magistrature suprême. Cependant, une analyse plus approfondie des événements politiques récents suggère que le problème ne se trouve pas dans une quelconque xénophobie, mais plutôt dans les choix politiques et les turpitudes du candidat lui-même.
Les détracteurs de cette théorie avancent que les difficultés rencontrées par Maurice Kamto sont le fruit de ses propres erreurs stratégiques. L’historique des actions du leader du MRC depuis l’élection présidentielle de 2018 est souvent cité en exemple. Sa proclamation de victoire avant même l’annonce officielle des résultats, suivie de l’appel à une insurrection en cas de « vol » de sa victoire, a été un tournant majeur. Cette approche a mené à des manifestations dans les rues de Yaoundé et de Douala, réprimées, et a abouti à l’incarcération de Kamto pendant six mois. Cette stratégie, perçue comme un désir de renverser le pouvoir par la violence, avait permis à l’opinion publique de se faire une image du leader du MRC.
Un autre point important est le boycott des élections législatives et municipales. En refusant de participer à ces scrutins, le MRC a non seulement affaibli sa propre base politique, mais il a aussi compromis ses chances de prendre part à la future élection présidentielle, la loi exigeant qu’un candidat soit soutenu par un parti ayant des élus. Ce choix, que même certains de ses anciens alliés comme Paul Éric Kingue ont contesté en se présentant en tant qu’indépendants et en remportant des mairies, a été un échec stratégique majeur.
Par ailleurs, l’attitude de certains sympathisants de Kamto, notamment les actes de vandalisme dans certaines ambassades du Cameroun à l’étranger et les agressions d’officiels, a également joué un rôle. Le fait que Kamto n’ait jamais condamné ces actes d’incivisme a été perçu comme une approbation tacite, renforçant l’image d’un parti et d’un leader qui défient l’autorité de l’État par la force. La question de la « tribalisation » du mouvement de Kamto est également posée, d’autant plus que les vandales identifiés dans les représentations diplomatiques proviendraient majoritairement de sa région d’origine. La question qui se pose alors est la suivante : qui est le véritable tribaliste ?
L’idée que la candidature de Kamto a été rejetée à cause de ses origines ethniques est, pour beaucoup, une simplification abusive. La loi électorale était claire : pour être éligible, le candidat devait soit avoir des élus au sein d’une institution, soit être un candidat indépendant capable de recueillir 300 signatures dans les dix régions du pays. Le MRC n’ayant fait ni l’un ni l’autre, la démission de Kamto de son parti pour solliciter l’investiture du MANIDEM n’a pas suffi à contourner les exigences légales. Son destin politique est, en grande partie, la conséquence de ses propres choix et de sa stratégie de confrontation.
En conclusion, la majorité des Camerounais, épris de paix et de stabilité, ne souhaitent pas confier le destin de leur pays à un homme perçu comme un partisan de la violence. Si Kamto avait adopté une approche politique plus saine, à l’instar d’autres opposants africains qui ont accédé au pouvoir par la voie démocratique, il aurait pu incarner un véritable espoir d’alternance. Au lieu de cela, ses erreurs politiques, ses défiances à l’égard de l’État et l’incivisme de ses partisans ont conduit à une impasse. Il n’y a pas de problème Bamiléké au Cameroun ; il y a un problème de choix et de stratégie politique qui ont conduit à la situation actuelle.
Jean Pierre Ombolo
IL N’YA PAS UN PROBLEME DE BAMIPHOBIE AU CAMEROUN

