Les 15 et 16 mai 2025, la salle de conférence de la fondation Friedrich Ebert à Yaoundé a vibré au rythme des discussions cruciales sur la diplomatie et les négociations relatives aux changements climatiques. Ce séminaire de formation organisé par l’ONG « Care for environment »,a réuni divers acteurs désireux d’approfondir leur compréhension des enjeux et des mécanismes de la lutte contre le réchauffement planétaire. L’ossature de cette formation s’est articulée autour de plusieurs modules essentiels, offrant un panorama complet du domaine. La première session a plongé les participants dans l’histoire de la diplomatie climatique depuis 1989. L’intervention marquante de Margareth Thatcher devant les Nations unies a été remémorée, soulignant sa vision précoce de la nature globale des problèmes climatiques, englobant les effets du changement climatique, l’amincissement de la couche d’ozone, la nécessité de réduire les gaz à effet de serre et la hausse des températures mondiales. Le parcours sinueux des Conférences des Parties (COP) a ensuite été retracé, avec un focus particulier sur la COP3 et l’adoption historique du Protocole de Kyoto en 1997.Le deuxième module a abordé une question centrale pour le continent : le rôle de l’Afrique dans les négociations climatiques internationales. Le constat général dressé a été celui d’un continent souvent relégué au rôle d’observateur. Il a été souligné que les négociations ont initialement débuté sans une participation significative de l’Afrique. Plusieurs facteurs contribuent à cette marginalisation, notamment la dispersion des États africains sur la scène internationale, des institutions et des cadres de négociation (ONU, FMI, BM, OMC) perçus comme façonnés par les nations les plus puissantes et parfois sans la pleine implication de l’Afrique. La pauvreté et la dette ont également été identifiées comme des freins majeurs, avec l’argument que « le pauvre ne peut pas négocier avec le riche, il demande ». L’assistance constante de bailleurs de fonds (AFD, UE, G12, « prêts climats ») a été pointée du doigt comme un facteur limitant le pouvoir de décision africain, perpétuant un statut d’éternel observateur, exacerbé par l’absence ou l’insuffisance d’États leaders et de groupes de pression efficaces.Le séminaire a ensuite exploré en détail le fonctionnement interne des Conférences des Parties (COP), éclaircissant les processus décisionnels, les différents groupes de négociation et les enjeux clés. Un autre module crucial s’est concentré sur les techniques de négociations multilatérales, outillant les participants avec des stratégies et des approches pour défendre efficacement leurs positions dans des contextes internationaux complexes.Les participants ont également bénéficié de sessions dédiées à la mobilisation pour le climat, abordant le plaidoyer, l’importance de la mobilisation citoyenne et les stratégies de financement de l’action climatique. Enfin, une simulation d’une COP a permis aux participants de mettre en pratique les connaissances acquises, de se familiariser avec les dynamiques de négociation et de mieux appréhender les défis concrets.Au terme de ces présentations enrichissantes, des échanges animés, empreints d’un respect mutuel, ont ponctué cet atelier de formation entre les facilitateurs et les participants, témoignant de l’engagement et de l’intérêt suscité par ces questions cruciales pour l’avenir de la planète et le rôle de l’Afrique dans sa sauvegarde. Les participants ont reçu leurs attestations de participation. Le directeur exécutif de Care for Environment , Alain Aboudi Ngono a promis une nouvelle session sur les techniques de plaidoyer.
Jean Pierre Ombolo