Kampala, Ouganda – L’ancien chef de guerre congolais Thomas Lubanga Dyilo, figure emblématique des conflits en Ituri et premier condamné de la Cour pénale internationale (CPI), a récemment fait parler de lui depuis Kampala, où il se trouverait en exil. Dans un discours rapporté par plusieurs médias, dont RFI, Lubanga a livré son analyse acerbe de la situation sécuritaire et politique en République Démocratique du Congo (RDC), proposant une vision pour le retour à la paix qui suscite déjà de vives réactions.
Un regard critique sur les processus de paix existants
Thomas Lubanga a salué l’initiative d’un accord entre la RDC et le Rwanda sous l’égide des États-Unis, le qualifiant de pas en avant. Cependant, il a exprimé un scepticisme marqué quant à la capacité de cet accord à résoudre les problèmes fondamentaux de la RDC. Pour lui, les processus de paix régionaux menés jusqu’à présent, notamment ceux de Nairobi et de Luanda, ont échoué à apporter une solution durable.
Selon Lubanga, un simple accord sur les minerais, souvent au cœur des tensions et des conflits dans l’Est congolais, ne saurait suffire à garantir une paix pérenne. Il a souligné que la stabilité ne peut pas être atteinte par un accord bilatéral ou par un arrangement impliquant seulement quelques parties prenantes. Il a insisté sur la nécessité d’un processus véritablement inclusif, englobant toutes les forces vives de la nation congolaise, pour bâtir une paix solide et durable.
Appel au départ de Félix Tshisekedi et la « Convention pour la Révolution Populaire »
Le point le plus controversé de son intervention réside sans doute dans son appel direct au départ du président Félix Tshisekedi du pouvoir. Pour Thomas Lubanga, la fin du régime actuel serait « un début de solution » pour le retour de la paix en RDC. Cette déclaration, venant d’un personnage au passé si lourd et toujours perçu par certains comme un perturbateur, ne manquera pas de provoquer des débats houleux à Kinshasa et au-delà.
Il est à noter que Thomas Lubanga a récemment été accusé, notamment par des rapports d’experts de l’ONU et des médias comme DW et Africanews, d’avoir lancé un nouveau mouvement armé en Ituri, la Convention pour la Révolution Populaire (CRP). Selon ces rapports, la CRP opérerait depuis Kampala, avec un soutien présumé du Rwanda, et serait potentiellement alliée au M23 et à l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa. Ces allégations jettent une ombre supplémentaire sur la crédibilité de ses déclarations en faveur de la paix.
Des déclarations aux implications multiples
Les propos de Thomas Lubanga, bien que formulés depuis l’exil, ne sont pas anodins. Ils rappellent la complexité des dynamiques de conflit et des enjeux politiques dans l’Est de la RDC. Alors que le gouvernement congolais s’efforce de stabiliser la région et de ramener la paix, l’intervention d’une figure comme Lubanga, appelant à un changement de régime et étant potentiellement lié à de nouvelles activités de déstabilisation, complique davantage la situation.
Ces déclarations posent également la question de l’influence persistante des anciens chefs de guerre et de leur capacité à remodeler le paysage politique et sécuritaire du pays. La communauté internationale continuera de suivre de près l’évolution de la situation, en espérant que la RDC trouvera le chemin d’une paix véritablement inclusive et durable.
Jean Pierre Ombolo.