Le chef de la junte militaire au pouvoir au Mali, le général Assimi Goïta, a promulgué ce mardi 13 mai 2025, un décret actant la dissolution des partis politiques et des organisations à caractère politique. Cette décision fait suite à l’abrogation de la charte des partis politiques par le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif mis en place par la junte.La junte justifie cette mesure par une volonté de « refonder » le Mali et de donner suite aux recommandations issues des « assises nationales de la refondation » de décembre 2021. Cependant, cette action est largement interprétée comme une manière de museler l’opposition et de s’accrocher au pouvoir.Vers une longue transition sans élections ?À l’instar du Niger et du Burkina Faso, également dirigés par des juntes issues de coups d’État, des voix s’élèvent au Mali pour une transition politique de longue durée, potentiellement cinq ans, sans organisation d’élections dans l’immédiat. Des consultations initiées par les autorités de transition ont même suggéré de proposer le général Assimi Goïta comme président de la République pour une durée de cinq ans renouvelable, sans passer par un scrutin.Réaction du peuple malien et de la communauté internationaleLa dissolution des partis politiques a suscité une vive inquiétude et une forte condamnation de la part de l’opposition malienne et de nombreuses organisations de défense des droits humains. Elles y voient une atteinte grave aux principes démocratiques et aux libertés fondamentales, garanties par la Constitution de 1992, qui consacrait le multipartisme.Une coalition de partis d’opposition avait d’ailleurs appelé à manifester le 3 mai 2025 contre les restrictions démocratiques, mais cette manifestation a été reportée. La dissolution des partis intervient dans un contexte de tensions croissantes et de critiques envers la junte, qui n’a pas respecté son engagement initial de céder le pouvoir à des civils élus en mars 2024.Quant à l’acceptation par le peuple malien d’une transition de cinq ans sans élections, il est difficile de donner une réponse définitive. Des soutiens au régime mettent en avant la nécessité de stabilité et de réformes profondes avant tout retour à un ordre constitutionnel normal. Cependant, une partie significative de la population, attachée aux principes démocratiques, pourrait manifester son désaccord face à une telle perspective.La situation reste donc très évolutive au Mali, avec un bras de fer entre la junte et les forces politiques et civiles qui aspirent à un retour rapide à la démocratie. La réaction du peuple malien dans les semaines et les mois à venir sera déterminante.
Jean Pierre Ombolo